traduction
            
Les trois dames (3) " Un, deux, trois.. " elles s’en vont l’une derrière l’autre, et prestement, d’ici à là-bas. Dans les wagons les dossiers des sièges sont un peu hauts ; le plafond, par contre, un peu bas. Pour enjamber, il faut lever la jambe et baisser la tête, un peu plus que ne le permet l’entrejambes des dames. En avant !. Précipitamment, comme si elles aller monter à cheval, levant une jambe, levant l’autre, elles s’assoient à califourchon sur l’étagère qui est sur le dossier. Comme elles sont montées, elles descendent. L’une, ayant cogné le plafond, son grand chapeau de paille s’écrase, à l’autre, une jambe s’étant prise dans les jupons lui reste en suspens, si ses compagnes ne l’avaient pas libérée elle aurait dû rester là…. à cheval . Voilà qu’elles sont assises avec le monsieur de leur connaissance, conversant, semble-t-il, pour le moment. Avant une demi-heure elles descendirent, comme elles étaient montées, ayant laissé le Monsieur, lui ayant ôté le mal de tête s’il l’avait, et le lui ayant donné s’il ne l’avait pas. Reprenons notre souffle. " Que sont celles-là ? – Celles-ci sont de marie-garçons ! Qui en a jamais vu de semblables ? Je plains leurs parents. – Oui, et moi les fiancés " Nous avions tous quelque chose à dire. Mon compagnon voisin me dit " Vous ne savez pas ce qu’elles sont ? Elles sont institutrices – Taisez-vous. Je ne puis le croire – Vous pouvez le croire parce qu’elles le sont. Et pas des stagiaires. Presque toutes les dames institutrices de cet age sont comme cela. Elles ressemblent à je ne sais quoi. Cependant les patrons tiennent une jeune fille, tête légère, pauvre malheureuse, en la complimentant avec de belles paroles. Qu’elle est ceci, qu’elle est cela. Qu’elles sauront tout, gagneront n’importe quoi. Elles seront très honorées, feront de riches mariages ; et ainsi de suite… " C’est proprement lamentable, comment les pauvres enfants de France vont tomber et sont déjà tombés dans les mains des patrons. Je vous promets que les paroles de mon voisin me faisaient rengorger mes rires. Et, diable, il avait raison. Il n’y a rien de plus préoccupant sinon cela, que nous avons vu de nos yeux, notre négligence ; il n’y a plus rien si nous ne sommes pas touchés par cette atrocité.