BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Dabit le Chasseur (6)

- Pierre, toutes ces choses étant ainsi, pas une palombe ne s’approche de nous. .Tu as pu me les ensorceler ?

- Oui, c’est cela ! ( cause toujours !) Elles ont plutôt peur de votre énorme barbe !

-Les palombes, peur de ma barbe ?.. Tiens, fiche-moi la paix ! L’an dernier oui, j’ai effrayé Monsieur le Vicaire avec cette jolie petite barbe.

-M. le Vicaire ?

-Oui, M. le Vicaire. Le lendemain de Pâques, j’étais donc allé faire mes Pâques, et sans du tout porter la chemise blanche de la veille. Ayant fait une bonne chasse la veille, jusqu’ à une heure tardive, j’étais donc avec ma barbe d’un mois, et je restais là, aussi sage et penaud que deux anges.

Là M. le Vicaire me vient, très fâché, le pauvre, et qui me dit à haute voix :

«Maintenant c’est votre heure ? Et encore avec cette barbe ? »( par dessus le marché).

Du tac au tac, je lui réponds aussi gentiment que possible :

-« M. le Vicaire, n’avez-vous jamais regardé St Pierre au-dessus de l’autel ? N’a-t-il pas lui aussi toute sa barbe ? »

- Le rire s’empara aussitôt de M. le Vicaire, il entra dans son trou complètement courbé, et je pense que, de toute ma vie, je n’ai pas fais de confession aussi agréable.. »

Maintenant, Pierre était en train de rire, il secouait toute la cime du chêne, mais, tout-à-coup, tout en tirant sans cesse les appeaux, tendant ses deux mains, lui-même reculant un petit peu, le vieux chasseur commença à lui dire à mi-voix :

« Chut, chut ! Elles arrivent ! Ne bouge pas Pierre ! Elles ont déployé les ailes.. »

Et, ayant fait donner tout juste un coup d’aile à deux de ses appeaux, à droite et à gauche, mordant ses lèvres minces, tout doucement, plié en deux, David était en train de descendre de son poste de guet. Maintenant il regardait en l’air, sans faire le moindre petit bruit, une main déjà tendue vers son fusil. Pierre aussi avait jeté un coup d’œil par les trous, et on aurait entendu battre le cœur des deux hommes dans cet intérieur là.

Et, déjà, tout autour, venues d’un trait en tournoyant, une vingtaine de palombes s’affairaient pour se poser dans les grands arbres.