BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Viens, bois un bon coup !(2)

Là-dessus, l’Espagnol lui dit :

" -Ces Français là, vous êtes des vantards ! " Par mille démons, où y a- t’il des hommes semblables aux Espagnols ? On dit qu’à Paris il y a tout ce que l’on veut. 20.000 espagnols ne prendraient-ils vraiment pas Paris ?… "

Baptiste, bien qu’un peu émoustillé par Paris, demeurait dents serrées, lèvres pincées. Avec quelle joie il jetterait les quatre fers en l’air ce muletier mal élevé. Mais il n’a seulement en main qu’un méchant bâton, et le visage de l’Espagnol est aussi noir que le visage d’un Maure , il ne doit pas avoir le poignard loin, sous la ceinture. Que faire donc ? …On verra plus tard. En attendant, à contre-cœur, avec un rire flatteur, il répond au muletier :

" - 20.000 espagnols ? Oui et 15.000 aussi ; "

L’Espagnol, stupide, se réjouit, et, ayant arrêté la mule, il lui donne à boire à même l’outre,

" - Tiens, bois un bon coup, ami ! "

Baptiste, pour avaler sa mauvaise humeur, et aussi pour adoucir sa gorge, ingurgite le vin avec un reproche grondant dans sa tête,

" - Attends démon de singe noir, attends ! Tu dois en prendre pour toi cette nuit encore !

Plus loin, à côté du vilain ruisseau de Ronceveaux, l’Espagnol lui dit de nouveau :

" - 15.000 espagnols ne s’empareraient-ils vraiment pas de Bordeaux ?

Oh, la rage de Baptiste. S’il était à côté de " Pekotx, " ou n’importe où, là-bas en France ! Mais non, il est dans un des plus vilains coins d’Espagne, et en pleine nuit maintenant, et les yeux de ce démon de muletier scintillent dans l’obscurité. Alors, il répond avec toujours le même sourire matois :