traduction
            
La vie à Bayonne (4) Je connais un étage loué en deux parties : on a augmenté la dame de grand age qui y demeure dans la partie la plus grande, la plus belle, de six cents francs qu’elle donnait à deux cents francs de plus ; la plus petite, la plus triste, celle qui donne sur le derrière, occupée par un couple de travailleurs avec deux enfants : de deux cents francs comme à l’autre. Ils ne savent pas non plus demander en proportion du loyer. Ils demandent ce qui leur vient à la bouche, et que celui qui n’est pas content s’en aille. Un des plus grands locaux, c’est incroyable : dans un endroit remarquablement placé que des tailleurs louaient 1.800F. Une belle cordonnerie l’a pris… à votre avis à combien ? -Qui sait ? deux ou trois mille peut-être ! -Oui, tu parles ! à 5.500 ! Si celui qui l’a pris n’est pas fou, que ne doit-il pas gagner avec les chaussures ? Il paraît que la paire coût plus de 50 à 70F. Toutefois les frais augmentent aussi . Pour payer la patente en conformité avec ce loyer, les domestiques, et tout, quelle somme énorme n’atteint-on pas d’un bout de l’année à l’autre. A Biarritz, il y a quelques années, les loyers avaient fait vers le haut un bond semblable ; oui et, en peu d’années, un autre vers le bas.. et pas plus petit. On verra. D’abord nous sommes à l’apogée ; les propriétaires ont une excuse : que la vie est chère. Pour les locataires non sans doute ? – Qu’on leur a augmenté les impôts – A qui ne l’a-t on pas fait ? Ce que l’un d’eux me disait à moi-même ces jours ci, quand nous parlions d’un appartement " Que voulez-vous ? Pour l’élargissement du pont on m’a prélevé 67 francs – Oui, et à moi 40 sous – Vous voyez ce n’est pas juste. Ce n’est pas pareil – Vous avez raison Monsieur, comme vous avez une dizaine de locataires, prélevez 1% à chacun – ou, pourquoi pas deux cents de plus ? En tirant deux cents francs de chacun par an, vous trouverez en une seule fois les 67 francs qu’il vous a fallu donner – Ceci dit, j’ai laissé là-même mon homme riant. C’est une bonne pièce le pauvre. Pensez quels juifs peuvent être certains autres ! Jean Hiriart-Urruty, aussi connu sous le pseudonyme "Manex", né le 30 janvier 1859 et mort le 4 novembre 1915 à Hasparren, est un prêtre, professeur et journaliste basque français. Jean Hiriart-Urruty, par son travail, a jeté les bases du journalisme en langue basque. Il sera par conséquent un précurseur et un modèle pour les auteurs des générations futures ("Oxobi", "Zerbitzari", Jean Etxepare , "Larreko" , etc) et comme le décrit Koldo Mitxelena "un maître de la prose".