BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







La Vieille Marie, (3)

" -Bonsoir, bonsoir, Marie ! Bienvenue à vous. Vous avez choisi un sale temps, aujourd’hui, pour venir comme ça à Oihanalde…Vous prendrez un bol de lait pour réchauffer l’ intérieur.. "

" -Oui tiens, je ne te dirai pas non, Thomas. A vrai dire, je croyais que vous dépouilliez le maïs. Moi, je ne suis pas une mendiante, et tu sais que, je ne vais jamais que seulement chez les bons amis . Que ces gens du village gardent pour eux leurs mauvaises pièces de deux sous. Heureusement, dans toutes ces maisons éloignées, je rencontre des gens meilleurs. Ah Thomas l’hiver se durcit, vraiment pénible pour les petites vieilles comme moi. Mais je ne m’en effraye pas non plus. J’ai fait quantité de rêves ! Et puis, durant tous ces jours passés, mon chien est venu auprès de moi,se faire cajoler, comme un chat flatteur, se caressant sans cesse à mes genoux. Les fontaines de la Rhune n’ont jamais scintillé comme ces jours ci. Et mes douleurs dans les os me mordaient vivement jour et nuit ! Je me disais que nous devions avoir encore de la neige et de vilaines gelées! Les loups aussi sont paraît-il apparus là, sur ces hauteurs de Zugarramurdi !…

" -Soyez tranquille Marie, il ne viendra pas de loup ici ce soir !

" -C’est possible Pierre. Mais il n’en a pas toujours été ainsi à Saint Pée, et, moi-même, dans mon enfance, j’ai vu le loup me regarder, à la limite de la lande, une énorme langue pendante, avec des yeux injectés de sang. Maintenant, s’il y a bien des renards n’importe où, pas le moindre loup visible par ici. Et puis, tu n’es pas de ceux que le loup effraie.. Quel garçon es-tu devenu, et quel maître d’Oihanalde feras-tu un jour ! le plus tard possible, n’est-ce- pas Thomas ?… Et, pendant ton enfance tu n’étais pas de ces terribles. Quand tu n’étais pas plus qu’une tête de lapin ; vingt cinq fois je t’ai porté dans mes bras, dans cette cuisine, et, dans le même endroit où je me trouve maintenant. Je te trouvais aussi léger qu’un de ces flocons de neige de ce soir. Et maintenant, tu me tiendrais avec deux doigts là, dans la gloire de Dieu.