BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







La Vieille Marie,

Comme Thomas l’avait dit, il neigea toute cette nuit-là, et, vers le matin, quand maman ouvrit les volets, tous les alentours apparurent tout blancs, aussi loin qu’on pouvait voir. Un sorte de grand silence semblait être tombé sur tous les environs. A l’intérieur de la maison, comme-ci, comme- ça, on percevait peu de bruit ;à peine, venu de l’étable, quelque lugubre meuglement.

A la cime du cerisier à côté de la maison, placé comme le grand coq du clocher de l’église, un vieux corbeau en regardant partout de ses yeux latéraux jaunes tantôt à droite, tantôt à gauche, était en train de croasser : Kroa, Kroa, kroa… Ayant dit sa prière du matin, le petit Ganxume était sorti d’un bond, et alors, tout lourdement, orné des scintillements des plus belles couleurs par le soleil, le corbeau chanteur s’envola….

" Maman, votre corbeau d’hier soir ! Mais sa petite aile a grandi cette nuit, Regardez " Maman, regardez ! "

Là-bas tout au fond de l’horizon, étalant leurs grandes crêtes, les montagnes étaient apparues toutes blanches. La Rhune ressemblait à un autel de Fête Dieu.

A côté de la maison, champs labourables, prés, pelouses, jardins, tous tout blancs eux-aussi étaient argentés de mille feux ; et sur la jolie farine, les rouge-gorges en sautillant étaient venus jusqu’à côté de la fenêtre, grattant toute la neige de leurs petites griffes. Franxa et Jeannette étaient en train de leur partager les miettes de pain .

Couvertes d’une douce neige, les maisons du village avaient été transformées, comme si une sorcière bien aimée en une nuit avait changé tout Saint Pée, faisant tout noirs les volets, et tout blanc tout le reste.

En voyant le meunier tout au loin Ganxume s’effraya et aussitôt commença à crier, soit disant qu’à la place de l’ancien meunier tout blanc, un nouveau meunier leur était venu, tout noir sur la neige blanche.

Dans la forêt, tout fourrés de neige depuis le haut, on pouvait voir les vieux arbres ,eux aussi tout noirs, ressemblant à des épouvantails avec leurs énormes bras et leurs énormes cheveux .

Entre temps, le soleil se cachait peu à peu, sous un ciel triste couleur de cendre ;quelques oies sauvages, en un instant ,sortaient en jacassant d’entre les nuages, et disparaissaient à nouveau dans ces nuages, avec un cri rouillé.

Devant la porte, Ganix et Ganxume étaient en train de se lancer des boules de neige.

Enbor = tronc (d’arbre) - Baizik eta : soit-disant - Sistakoan : en un instant