BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Piarres : DANS OIHANALDE

Ayant trait les vaches, et rempli le kaiku (récipient à traire) du lait épais et bien gras qu’on boirait un peu plus tard, dés que Piarres fut entré dans la cuisine, le Père vint lui aussi, après avoir donné à manger aux animaux,et bien fermé les portes de l’étable. Depuis toujours il affirmait que les vaches ont le froid pour ennemi, au moins autant que les hommes, ou davantage. Pendant que, dans la padère, grillaient bien les châtaignes, en éclatant pin pan, et pendant que les enfants, ayant oublié le catéchisme, riaient aux éclats, il était assis à sa place de toujours, au coin du zizelu (banc de l’âtre). Et, les deux mains tendues au feu, " pouf pouf ", il était maintenant en train de se reposer, une courte pipe de terre à la bouche, en regardant la fumée qui sortait de cette pipe, en faisant des volutes, sans voir du tout cette fumée, les yeux perdus quelque part là-bas. Devant les grosses bûches, les branches d’ajoncs brûlaient en craquant.

Pour être quelqu’un, Thomas d’Oihanalde était vraiment un homme. Maintenant il allait sur ses cinquante cinq ans, toujours aussi fort qu’à 40 ans. La peau ridée par le travail c’est sûr, mais les yeux vifs, le front large, et derrière ce front la plus juste des têtes. Peu, très peu il ne se mêlait jamais des affaires des autres. Toutefois, parce-qu’il était un vrai homme sage, beaucoup de gens venaient à Oihanalde, pour obtenir de lui quelque conseil (renseignement). On l’avait élu Conseiller Municipal en de lointaines années, et Pascal le Maire ne voulait pas d’ami plus sûr dans ses réunions.

Dans Oihanalde, toutes choses allaient selon ses dires, et il n’y avait pas de Roi qui aurait dépassé Thomas dans la plus bienveillante des autorités . Lui, il était à Oihanalde, comme Pharaon sur son trône, sur le zizelu tout brillant, usé par les anciens maîtres de maison sages et prudents passés. Peu de paroles creuses sortaient de la bouche de ce père aimé, encore moins de réprimandes, une parole, un signe, c’en était assez pour tous… Et pour le dire tout de suite, ici personne ne portait ce père aussi haut dans son cœur que Pierre le faisait….

Jean Barbier, né le 9 juillet 1875 à Saint-Jean-Pied-de-Port
et mort le 31 octobre 1931 à Saint-Pée-sur-Nivelle, est un prêtre
et écrivain basque d'expression navarro-labourdine.