Jakes Pintero électeur :
Qui ne connaissait pas Jakes-Pintero ? Nez rouge et pointu, pantalons tout rapiécés, traînant de sales sabots fendus,
souvent il traversait le village, mendiant un verre de vin, demandant un morceau de pain avec si possible quelque chose à manger.
Presque sans aucun travail, il vivait en se promenant de ci- de là.
" Pauvre homme "disaient ceux qui avaient pitié.
" Bon à rien ! " disaient les méprisants.
" L’Ami " lui disaient cependant les candidats députés lorsqu’ils allaient en quête de voix. Et alors,
se prenant pour quelqu’un d’indispensable, il se redressait, regardant tout le monde, le nez brillant.
A vrai dire, à cette époque les élections ne se préparaient pas par la radio ni par la télévision, mais,
le plus souvent au moyen des auberges. Les urnes n’auraient pas rendu un seul bulletin sans une bouteille de vin frais.
Et c’était du vin ! Du rouge, du blanc, de l’entre-les- deux ! Allons ! d’autant de couleurs que de partis.
Donc, une fois pris l’air d’un Monsieur de cette manière, notre Pintero, passa l’entière semaine d’avant les élections
dans les auberges, en promettant sa voix à celui qui lui offrait chacun des verres de vin qu’il vidait .Selon ceux qui l’espionnaient,
il avait vidé une cent quarantaine de verres. Après avoir bu autant , impossible de se souvenir qui fut le plus charmant
et le plus généreux et donc celui qui méritait le vote ? Vraiment, notre ivrogne avait la tête aussi vide que ses poches
étaient pleines de bulletins de vote.
Le Dimanche matin il rentra dans l’isoloir avec l’enveloppe que lui avait donnée Monsieur le Maire. Mais quel choisir
parmi tant papiers que les amis lui avaient mis dans les poches ?
"- Allons! Faisons comme pour le vin ! N’ai-je pas envoyé tous les vins dans le même ventre ? Allons ! jetons tous ces messieurs
dans la même enveloppe !
Et il donna sa voix avec une grosse enveloppe .En disant aux Messieurs du bureau :
Celle-ci est pleine de neuf mois. Cela m’étonnerait cependant si elle accouchait d’une pleine ventrée de députés !.
Voici comment Jakes Pintero se moquait des candidats députés qui l’avaient rassasié de vin jusqu’à la luette.
De nos jours il ne peut plus il y avoir de tels candidats députés, ni de tels électeurs !
