BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







La maison (4)

Et Pierre se souvenait qu’il tenait totalement de son père cet amour de la terre. Un jour ils travaillaient sur le grand champ d’en haut, brûlés par le soleil. Arrêtés, tout juste pour reprendre souffle, ils se mirent donc, en silence, à regarder leur cher village. Le vent du sud, les ayant rapprochés au point de pouvoir les toucher des mains, ils avaient, là, devant eux, la montagne de La Rhune avec son grand pignon rocheux, les forêts communales, assombries par les chênaies et les hêtraies. Plus prés, qui allait en s’allongeant en direction de la mer, l’antique large vallée, au contraire, au milieu des peupliers, la chère rivière, ayant donné un salut à l’église fuyait là-bas. Ils les avaient là les cimetières de l’église, tout blancs, entourés de tous côtés de l’amour des vivants.

Là, tout juste, commençait leur domaine : le maïs qui grandissait, les blés dorés, ressemblant aux vagues de la mer, frissonnant de tous côtés, ébouriffés par le vent. La vigne plantée face au soleil par le grand-père, leur venait en s’appuyant tout-à-côté, obstinée par devoir de recueillir et sucer entre toutes les pierres le sang qui ressusciterait les morts

Toujours en silence, tous deux heureux, ils restaient là, père et fils, lorsque, tout d’un coup, à tous deux, leur front se plissa…Là même, au bord du champ, qui était-il celui qui apparaissait là, sur leur terre ? Qui est cet homme qui regarde tout d’un œil effronté, sur leur champ ? Et, en vérité, on aurait pu dire que tous les endroits du champ, eux aussi, offensés, les regardaient. Les anciens qui s’y étaient usés n’étaient-ils pas en train de se lever, furieux, de derrière chaque motte de terre, troublés par le regard de l’étranger. Et, l’œil sombre, le père s’en alla vers le bas du champ.