BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Monsieur le Chroniqueur, (4)

Même si nous publions dans Eskualduna, avec un peu de retard les détails qui suivent sur nos fougeraies, il nous semble qu’il est juste que le monde sache comment à la fin nous en sommes restés avec le gouvernement espagnol.

Ils nous avaient attaqués au bon moment, pour nous jouer un tour, mine de rien, au moment où Poincaré et Barthou allaient aduler les autorités de là-bas. Qu’ont fait nos Messieurs de Paris ? Comme toujours, ils ont accepté le nouveau coup tordu de l’Espagne.

Comme ceux-ci nous demandaient 100Frs pour entrer les fougères de ce côté de la frontière, nos Messieurs ont accepté 100frs ; en disant, cependant, que cet argent sortirait de la caisse gouvernementale et non de celle de notre région.

Ceci à peu de chose prés. Mais, par la suite, les espagnols ne vont-ils vraiment pas augmenter cet impôt ? Il aurait été bon, mieux que bon, qu’on se fixe là-dessus maintenant et pour toujours. Il le fallait aussi avec le voisinage haineux et tracassier que nous avons. D’autre-part, on a obtenu de Paris, que nous pourrons prendre toute la fougère qu’il nous semble bon de ramasser ; que nous n’aurons donc pas de compteur de meules, ni aucun peseur. Les 500 tonnes que nous laissaient les espagnols étaient certes une belle quantité, à peu prés la mesure de 5000 quintaux. Mais, en acceptant qu’ils nous mesurent, qui ne voit pas que nous nous mettions entièrement sous leur coupe.

Comme cela, n’avons-nous pas assez courbé la tête ?....D’année en année, plus notre gouvernement est faible et plus les espagnols sont audacieux.

Jean Etchepare Bidegorri (Mar Chiquita, Argentine, 30 octobre 1877 - Cambo-les-Bains, Labourd, 9 janvier 1935 ), surnommé le docteur, est un écrivain basque. Il écrivait principalement des articles de presse. Libre d'esprit, il se démarquait des écrivains basques de son temps. Deux articles publiés dans le livre Buruxkak (évoquant l'amour hors mariage et l'école laïque) furent d'ailleurs censurés. Il fut néanmoins nommé à la tête de Eskualzaleen Biltzarra, association de promotion et de défense de la langue basque. Il était également membre correspondant (Euskaltzain urgazlea) de l'Académie de la langue basque Euskaltzaindia.