BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Le bonheur des campagnes -4-

Le lendemain matin, et tous les jours de la même façon, le bonheur de Pierre n’était pas moindre, à l’heure où le soleil faisait ternir Vénus, quand le soleil jaillissait du sommet de l’Hergarai. Les rayons de lumière, par leur premier doux baiser frappaient Oihanalde. Le noyer faisant scintiller ses feuilles protégeait la maison de son ombre. La prairie, toute en feu, se couvrait d’or aussitôt, par contre s’argentaient la rosée des buissons, les jolies toiles d’araignées du jardin.

Les yeux, aussi loin qu’il était possible de voir, avaient de quoi se rassasier, jusqu’au village d’abord, ensuite jusqu’aux grandes montagnes. Et, La Rhune, l’Axuria, Ibanteli, l’Artzamendi, le Mondarrain père et fille, d’heure en heure, semblaient changer avec le ciel, maintenant encore plus beaux qu’il y a un instant. Et, parmi ces montagnes, le plus beau des plateaux, éclairé par le soleil, tout illuminé et étincelant. Après avoir regardé des hauteurs d’Oihanalde, on aurait dit que tous les brouillards et les pluies des nuages devaient s’être rassemblés en un grand récipient. Et toutes ces choses, d’elles-mêmes, s’élevant fortement, et louant, toutes allant vers le Seigneur Dieu.

Oui, c’était agréable pour Pierre, car il vivait au milieu de toutes ces choses là, et il ne lui venait pas à l’esprit non plus, que, en aimant une telle ruche, comme l’essaim, il ne pourrait jamais la quitter. Même ses frères et sœurs s’attachaient à la maison tous les jours davantage, parce qu’ils étaient vraiment de purs basques et les basques authentiques mettent toujours la maison en premier, sans jamais laisser dépecer cette maison par les rapaces du voisinage ou lointains.

Toutes choses qu’il lui fallait pour être comblé, il les aurait là, toujours, à sa portée.

Jean Barbier, né le 9 juillet 1875 à Saint-Jean-Pied-de-Port
et mort le 31 octobre 1931 à Saint-Pée-sur-Nivelle, est un prêtre
et écrivain basque d'expression navarro-labourdine.