BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







L’ Espagne

Les deux dernières fois nous avons signalé comment nos dirigeants, ainsi que les dirigeants de nos pays voisins ont tous peur de la guerre. Nous avons dit aussi d’où et comment vient cette peur. Espérons qu’elle ne surviendra pas !

L’Espagne, par contre, a, depuis longtemps, à supporter quelque chose de plus dur et de plus cruel que la peur de la guerre. La pauvre Espagne est engagée dans cette terrible guerre de Cuba, impossible à terminer de quelque manière que ce soit. Elle a, à vaincre, un ennemi puissant, et qui est fortement aidé, de tous côtés, tant en argent que par des conseillers et des hommes.

Pourtant l’Espagne fait tous les efforts possibles, voulant réduire en miettes et écraser cet ennemi. Aussi a-t-elle fait faire une belle retraite à l’ennemi ; oui mais, les ennemis ont fait de même aux espagnols. On perd beaucoup d’hommes des deux côtés. Pas nécessairement parce qu’il y a de grandes effusions de sang. Les rares fois où les hommes s’affrontent ils tombent un par un, deux par deux, par trois, par six, il n’y a au plus, dit-on, que vingt hommes tués. Quand même…assez à la longue… !

Mais ils vont beaucoup plus à la mort par les maladies que par les armes. Evidemment, les soldats marchant les uns derrière les autres, de jour et de nuit, sur terre et dans l’eau, ne peuvent avoir que peu de soins. Qu’on le veuille ou non les hommes s’épuisent vite, et, une fois usés, il faut toujours les renouveler ou renoncer. Combien de milliers d’hommes l’Espagne a-t-elle envoyés là-bas au delà de la grande mer ? Dieu sait combien auront perdu là-bas la vie ou au moins la santé.

Et quelle quantité d’argent déjà gaspillée, oui et encore en train de se dépenser !

Toutes les semaines on dépense l’argent par millions. Plus ça dure et plus c’est difficile, et plus il en faut !

Jean Hiriart-Urruty, aussi connu sous le pseudonyme "Manex", né le 30 janvier 1859 et mort le 4 novembre 1915 à Hasparren, est un prêtre, professeur et journaliste basque français. Jean Hiriart-Urruty, par son travail, a jeté les bases du journalisme en langue basque. Il sera par conséquent un précurseur et un modèle pour les auteurs des générations futures ("Oxobi", "Zerbitzari", Jean Etxepare , "Larreko" , etc) et comme le décrit Koldo Mitxelena "un maître de la prose".