BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Dans la boue de Verdun (2)

6- Le mort :

S’il te plait, reste dans le trou,
ton bon fusil à la main,
que mes os restent
dans leur tranchée… en paix.

7- Pierre :

Mais dans l’hiver rigoureux,
quand le brouillard se dissipe,
tu gèleras dans la terre,
le froid étant entré dans tes os.

8- Le mort :

Tu es mille fois
plus valeureux que mes os.
D’autre part, tire davantage (avec ton fusil)
j’aurai plus chaud.

9- Pierre :

Le Grand Dieu m’est témoin
que sûr je te réchaufferai !
Tu baigneras dans le sang chaud
de l’ennemi terrible que j’ai tiré..

10- Le mort :

Ainsi donc, assez pour cette nuit,
je m’endormirai en paix,
le basque me gardera
en priant pour moi.

Le 31 janvier, au cœur de l’hiver, en plein gel, les hommes de Bayonne abandonnaient le village qui avait été Estrées, ou mieux, le tas de pierre brisées qui avait été ce village. Et, à leur place des Anglais s’y hissèrent, de beaux hommes, car ils étaient aussi beaux et lumineux que des sous neufs. Ils allaient à cet endroit pour y rouiller rapidement !

Donc, Pierre et ses compagnons descendirent vers le lieu appelé " Crèvecoeur ". Ne les laisserait-on vraiment pas reprendre leur souffle ?

Et, ils ne furent pas peu étonnés quand on leur fit recommencer, comme autrefois dans les alentours de Bayonne en exercice, le service en campagne et autres. Et après, encore, étant déployés dans leurs cantonnements comme au début de la guerre, ils travaillaient à la pelle et à la pioche.. et à tout casser….. il fallait garder Paris à l’arrière, et assez loin de la grande ville, protéger cette ville.

Jean Barbier, né le 9 juillet 1875 à Saint-Jean-Pied-de-Port
et mort le 31 octobre 1931 à Saint-Pée-sur-Nivelle, est un prêtre
et écrivain basque d'expression navarro-labourdine.