Le Printemps (8)
Dans toutes les haies de buisson, dans tous les arbres, les oiseaux, eux aussi, étaient en train de façonner fiévreusement
leurs petits nids. Le mois de Mai était arrivé, donc il fallait se dépêcher.
D’adorables chardonnerets, avec leurs côtés du bec blanc et rouge, leurs ailes noires et jaunes, allaient en grand nombre,
d’abord sur un pêcher, ensuite sur un autre, s’attrapant mutuellement en criant toujours " petit, petit, petit ".
Dans un rang de vigne, un beau merle, ouvrant à peine son bec, donnait une aubade à une compagne merle chérie,
en sifflant sans cesse les airs de clairon de la fête Dieu appris de Ganix.
De vilains frelons venaient, très sournoisement, prés de la treille de la maison, voulant faire leur nid dans un coin de l’avant-toit ;
plus tard, en octobre quelles ripailles de raisin et quelle beuveries n’y feraient-ils pas.
Quels couchers de soleil, tous les soirs ! Tout doré, tout rouge, et après, tout bleu, parce qu’il fallait rester fasciné
en ne cessant pas de le regarder. Et, à ce que l’on dit, nos paysans ne donnaient jamais un coup d’œil à une telle merveille.
On pouvait voir Pierre, là, regarder ces choses mystérieuses, longtemps, sans bouger. Plongé dans ses pensées, il songeait,
là-même, à leur auteur : Dieu le Père, se souvenant aussi qu’avant que lui-même n’arrive au monde,
ces choses-là étaient à la même place, il pensait aussi aux basques qui les virent comme lui, au même endroit….
Comme vont en mer les vagues après les vagues, les vivants arrivent après les morts, et tous sont en train de marcher vers les pieds
du même Dieu, tous sont en train d’aller auprès du créateur de ces belles choses !…
-O-O-O-
Les grands travaux de l’année allaient commencer, et vite. Dans la maison, en vue de ces travaux, ils étaient en train de tout contrôler.
Thomas et Pierre avaient donné un dernier coup d’œil aux outils, aux manches, aux sangles, et maintenant,
ils étaient en train de semer le maïs.
