BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            





Le printemps (6)

Et maintenant on avait là la mer de feu, à vingt pas, comme un mur tout rouge, vraiment effrayant. Une chaleur insupportable s’était élevée, la chaleur arrivait par bouffées. Un des hommes ayant été encerclé par les flammes, par derrière, ce fût tout juste qu’il n’y soit pas resté là-même, en un clin d’œil. Heureusement ses compagnons lui crièrent assez rapidement et lui tendirent prestement la main. Et alors, Monsieur le Curé vit qu’on ne jouait pas avec le feu, et que ses paroissiens étaient plus que prudents quand ils l’envoyèrent gentiment à l’arrière. D’autre part, il s’en fallait de peu que le pauvre Léon ne se soit pas trouvé là-même dans le besoin de quelque prière, quand le feu l’entourait de si prés.

En attendant, devant les arbres abattus à la hache, le terrible feu était cassé, comme courbatu. Maintenant il était en train de se consumer sur place, le ruisseau l’ayant fait arrêter là, les hommes à coups de feuillard, de fourches et de pelles l’ayant écrasé, terrassé. Là, derrière lui, les derniers arbres, - les plus grands – étaient en train de craquer, détruits jusqu’au dernier. Le ronflement d’orage s’était calmé. Ne trouvant plus d’aliment devant lui, le terrible feu était maintenant en train de sucer ses derniers os, en mastiquant et en gémissant ; malgré cela il lançait des milliers d’étincelles, de temps en temps, comme si son obstination n’était pas complètement passée.

Les étincelles mourant les hommes restèrent encore une heure ; et, ensuite, en sueur, ils allèrent chacun vers leurs maisons, pelles et fourches brûlantes sur l’épaule. Derrière eux, dans l’endroit où était une belle forêt verte, on ne voyait plus là que cendres grises et pas un seul animal, une vilaine cendre qui vraiment voulait brûler activement. Ttuit, ttuit gémissants, on pouvait voir de gentils oiseaux de la forêt qui voletaient de tous les côtés, ayant perdu leurs nids, complètement effarouchés. Les gendarmes, les gardes-forestiers, restaient là, debout prés du ruisseau, restés en arrière quoi qu’il arrive. M. le Curé était descendu au village avec son vicaire matois et avec quelques douaniers qui étaient bien fatigués. A ses dépens il avait appris ,désormais, qu’il n’y avait pas de maison à Errekaluze.