BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            





Le printemps (5)

Les gardes-forestiers, avec quelques hommes déjà arrivés sur le lieu de l’incendie, travaillaient à tout casser. Il fallait donner sa part au feu, pour l’anéantir sur place, et, en suite, il fallait faire arrêter ce feu dans un limite qu’ils auraient rapidement faite tout autour. Comme le Bon Dieu à la grande mer, il fallait lui dire " Tu viendras jusque là, mais pas plus loin ! "

Par bonheur un petit ruisseau venait en grondant de la crête de la forêt vers le bas, de ce fait, celui-ci ferait au feu une limite humide qu’il ne pourrait pas franchir. Les gardes-forestiers l’ayant ordonné ainsi, tous les hommes se disposèrent de ce côté-ci du ruisseau, avec leurs fourches, leurs pelles, et des feuillages mouillés à la main. Sa soutane relevée jusqu’à la ceinture, le jeune vicaire se plaça à leur côté.

Monsieur le Curé aussi voulut se mettre au milieu d’eux. Un grand feuillard à la main, dissemblable de celui du dimanche des Rameaux. Il était là, debout, immobile (planté), croyant qu’il ferait lui aussi ce que les autres feraient. Mais, Pierre, très aimablement lui enleva le très grand feuillard, et les autres, en riant, se mirent à lui crier " Non Monsieur le Curé, vous ne sauriez pas. Laissez-nous le travail. Si quelqu’un toutefois prenait mal nous avons plaisir parce que vous seriez là avec nous. On n’a jamais dû voir un curé de village à Erreka-Luze, ou à Zirikolatze, du moins de curé venu éteindre le feu.

Pendant ce temps le feu arrivait avec un terrible fracas de vent du Sud, un feu vraiment effrayant. Là, comme la forêt faisait aussi un énorme trou, comme un entonnoir, vous auriez dit une mer. tout était feu, tout était flammes, tout était fumée. Le vent, par à-coups, courbaient les effrayantes flammes, et, en suite, elles s’élevaient plus haut que les plus grands chênes tauzins, devenues folles, sifflant avec le même craquement qu’un orage le plus noir. Les broussailles, les haies, les jeunes chênes, même les plus vieux, étaient encerclés dans la rage du feu, assiégés de toute part, et, ensuite, réduits en lambeaux comme d’ordinaire dans la forge de fer on broie les terres noires. N’était-ce pas vraiment l’enfer dans ce grand trou là ?