BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Le printemps (2)

Quand ils arrivaient au grand gouffre ils tournoyaient en passant sur les côtés, leurs branches et leurs pousses s’allongeant comme de grands cheveux, ces cheveux ensemble emmêlés. Soudain, semblants à un faune, ils se dressaient à la verticale, comme s’ils avaient voulu se remettre en terre. Et, ensuite, repris et engloutis par les grandes eaux, ils allaient, broyés, vers là-bas, où le voulait la rivière.

Et, Pierre ayant fait une pause au bord de l’eau, pour regarder le grand hêtre, se dit en lui-même, que, comme la rivière les plus grands arbres, la vie ou mieux Dieu, peut emporter le plus fort des hommes, même contre son gré. Et un peu de tristesse pénétra son cœur, mais il se sentit plus humain, et son âme plus chrétienne. De cette manière, il était en train d’apprendre à lire, tous les jours un peu plus, le livre que Dieu ouvre sur cette terre.

Ensuite, vite après cela, les eaux s’évacuèrent de là. En Février, déjà, n’importe où, poussaient les violettes aux petites fleurs bleues sans parfum, voulant voir la terre basque en s’étirant sur de longues jambes minces. En Mars, les petites fleurs des primevères, blanches, jaunes et rouges, ainsi que les buglosses ( anchussa officinalis) , les arums. En faisant leurs pousses au prés des arbres, sur les bords des marécages, les lierres et les mousses paraissaient maintenant plus jolies et plus vertes qu’en hiver. Pierre avait maille à partir avec ces lierres parce qu’il les prenait pour des buveurs de sang des arbres, et il leur donnait plus d’un coup de serpe, chaque fois qu’il le pouvait. Certaines personnes, sur la terre, qui comme le lierre vivent aux dépens des autres, sucent tous les jours le sang de ces autres.

Maintenant, dans les alentours, d’autres oiseaux que les rouge-gorges apparaissaient. Tiu,Tiu,Tiu, le pic-vert allait, en un instant, d’arbre en arbre, tapant du bec dans un chêne tauzin voulant attraper quelque insecte sous l’écorce, ou également, peut-être, voulant faire sortir de là, la dame de la forêt qui, dit-on, est captive emprisonnée dans un arbre depuis mille ans.