BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Au travail, (4)

Pierre nettoyait autre chose que les rigoles et les fossés de l'étable. Ayant rentré ses pantalons dans ses jambières en laine, il allait avec sa serpe à soustrage et sa faux, en redressant et en coupant les broussailles et les ronces, en vidant avec soin les fossés engorgés et les autres. De même, ayant attelé seulement une vache, ayant mis la charrue dans le creux du fossé, il la faisait glisser tout le long. En manœuvrant ainsi il lui arriva un jour quelque chose de pas ordinaire. Dans une ornière très étroite, dans la boue, donc, Gorria ( la Rouge ), Pierre et la charrue étaient en train de faire un sillon, au moment où, dans un virage, il tomba nez à nez avec sa voisine Goana, la fille de Litzartza. La Rouge allait prestement, la charrue aussi, Pierre aussi et le chemin était étroit, Goana eut à peine le temps de faire un saut sur le côté, là même, et les deux, Pierre et Goana, restèrent à se regarder, devenus tout rouges....

Les jours suivants, alors qu'il était en train de tailler les bourgeons de vigne avec le vieux Piarres d' Ehaltzeko-borda, tout son esprit était encore ampli par ce qui lui était arrivé dans cet étroit sentier. Il s'en était fallu de peu que, là- même, il fasse prendre mal à la pauvre Goana !... En se souvenant du cri de la jeune fille, un tel feu lui était encore venu aux pommettes. Heureusement Goana était une agricultrice, jeune et leste. Et après, elle n'était pas du tout fâchée, elle avait seulement rougi avec un petit sourire, comme Pierre...

" Que fais-tu Pierre ? Tes sécateurs doivent couper celui du dessus, et toi, tu coupes l'oeil du bas !Et Piarres d'Ehaltzekoborda, ressemblant à Saint Pierre en hochant sa belle tête, regardait notre Pierre, les yeux rieurs, d' un petit air malicieux. Comme cela n'arrivait jamais, qu'avait-il donc aujourd'hui pour couper si mal les meilleurs plants de vigne qu'il avait fait porter d' Irouléguy.

Pierre, ce soir là, entra en sifflant à Oihanalde, et la mère, après l'avoir regardé avec son tendre regard de mère, avait vu à son fils quelque chose qu'il n'avait pas les autres soirs, et jusque tard, elle resta à prier au coin du feu, jusqu'après que les braises soient toutes refroidies.