BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Au travail, (2)

Un peu plus tard encore, rapidement, tous seraient en plein champ, pour récolter les épis de maïs barbus mûrs, et les derniers haricots : de ces épis de maïs, vous auriez dit, après les avoir vus sur leurs longs pieds, que c’étaient les quenouilles des vieilles femmes d’autrefois, emplies de filasse ou de laine, toutes restées là, plantées dans le champ d’Oihanalde.

On devait les étendre dans la cour, devant la maison, les autres pieds on les brûlait ensuite, au milieu du champ, et l’étranger qui, à la tombée de la nuit, aurait vu Pierre et Ganix, le grand feu à leur côté, la fourche à la main, pouvait avoir quelque chose à raconter le lendemain, et sûr qu’à Saint Pée il y avait encore de ces vilaines sorcières, qu’autrefois on avait l’occasion de rencontrer n’importe où dans tout le Labourd. Un de ceux-là était le petit Ganxume qu’ils avaient vu sauter sur un manche à balai, vu de leurs propres yeux, deux autres sorciers par contre, avec de grandes fourches à la main étaient en train d’attiser un grand feu d’enfer, eux aussi en bondissant.

Par le beau temps du mois de Novembre les blés étaient faits, après l’avoir bien mélangé avec les semences bénies à l’église le premier dimanche d’octobre. Le père, en reliant fermement ensemble deux petits bâtons, faisait des petites croix, et ensuite, ça et là, les plantait au milieu du champ. Pierre et Ganix étaient pendant ce temps en train de rassembler le bétail, Gantxume – Xurriko courant et sautant devant lui - courait de tous côtés, pour chasser les corbeaux venus lourdement en croassant vers l’odeur des semences. Et, maintenant tout le monde allait à la maison, ayant laissé là le beau blé qu’ils ramasseraient en Juillet, à la grâce de Dieu !

Par crainte d’Avril, on semait ensuite une grande étendue de fourrage vert, avoine, fenu grec. En attendant les feuilles des navets étaient là, et après les feuilles, les têtes des navets. Ce qui fait que le bétail d’Oihanalde ne risquait pas de mourir de faim dans l’étable, au chaud et au sec. On ne voyait pas, dans cette étable, de toile d’araignée pendant à une grosse poutre, car Pierre avait peu confiance dans ces sales bêtes, qui ne font que donner une mauvais toux au bétail.