BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







La maison (2)

Et le grand-père aussi alla vers le Seigneur ; mais le père, la mère restèrent, la maison de toujours resta, le père occupa le banc de cheminée du grand-père, et Oihanalde vivait toujours, le sceptre ayant tout-juste changé de main, morts et vivants continuaient à vivre côte à côte, toujours dans la même maison, dans Oihanalde. Le père, un jour, laisserait cet Oihanalde à son fils Pierre, Pierre ensuite, à son aîné, celui-ci, ainsi de même, à son premier né, les héritiers seraient liés aux héritiers par des griffes comme les maillons d’une chaîne. Les frères et sœurs plus jeunes, eux ayant pris tout juste quelque chose, partiraient chacun de son côté, pour ne pas causer de difficultés à cette maison ; ils se disperseraient de tous côtés, s’il le fallait s’envoleraient aux Amérique, et, de là-bas, souvent encore, aideraient la maison par amour..

Oui, vraiment, Oihanalde était la maison des morts et des vivants, de ceux qui étaient là-même, et de ceux qui étaient loin. Combien de fois, après l’avoir regardée, cette maison ne semblait-elle pas à Pierre une mère-poule, comme une mère-poule ses ailes dessus ses poussins, la maison qui étalait ses deux ailes sur les vivants et les morts, sur tous.

D’autres fois, il lui semblait que cette maison blanche était une personne, dos tourné au couchant, une personne qui, de ses fenêtres, comme avec de grands yeux, regardait vers le levant. Et vraiment, également, quelqu’un avait-il aimé jamais personne autant que Pierre aimait sa maison. Il l’aimait aveuglément, et du fond du cœur.. Et, il avait appris il y a longtemps, d’un bout à l’autre, les beaux couplets des gens de Sare, et il était heureux de les entendre, l’aiguillon à la main, quand, devant les vaches, le refrain lui venait :

" Voyez-vous le matin ,
quand le jour se lève,
sur une petite colline,
une petite maison à la façade " blanche,
au milieu de quatre chênes,
un chien blanc à la porte,
à côté d’une petite fontaine,
là je vis en " paix.

" Bien que ce ne soit pas un château,
moi j’aime le lieu de ma naissance,
choisi par mes ancêtres.
Hors de la maison il me semble
que je suis perdu quelque part.
Comme là j’y suis né,
là je laisserai le monde,
si je ne perds pas la raison . "