BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







La maison

Oui, vraiment, ils l’aimaient tous la maison, vraiment qu’il l’aimait Pierre son " Oihanalde " Là, il n’avait que du bon. Qu’il soit en contrebande ou encore au travail, il vivait pour la maison, il pensait toujours à cette maison. Tout juste connaissait-il son nom : il était Pierre d’Oihanalde, et cela lui allait, sans rien d’autre en plus. Au début, Oihanalde n’était que le sommet d’une colline. Mais, ensuite, lentement on donna au sommet des épaules et des poumons, ici en défonçant une lande inculte, là en égalisant quelque butte, en sortant les souches des vieux arbres, en faisant ramper les ceps de la vigne en haut du versant escarpé.

Bref, le grand-père était mort roi d’un petit royaume. La veille encore, avant de s’allonger au lit pour la dernière fois, il fit un tour de son domaine en tremblant de fièvre, tandis qu’avec ses mains chéries, desséchées au travail, il donna une caresse aux lourds épis de blés de juillet. Il voyait toutes choses du plus profond de ses yeux, comme s’il voulait les emporter dans l’autre monde, il les regarda tous et resta longtemps à les regarder, ces yeux ne pouvant se rassasier. Quand, ensuite, il entra dans l’étable, les vaches qui étaient là, étendues, tendrement, lui firent un doux meuglement, en secouant leurs chaînes.. Le chien de la maison vint, lui aussi, à sa main, demandant une caresse, et, après avoir dit un bonjour, le dernier, aux ruches qu’il flairait, bourdonnantes, devant les fleurs du jardin, d’abord il rentra à la maison tremblant de froid, et après, ..il alla au lit. Comme une journée qui se termine, Grand-père avait achevé sa longue vie, et dans le même lit où son père s’était allongé pour la dernière fois, entre les rideaux rouges qui descendaient du ciel de lit, grand-père s’était étendu pour aller auprès du Dieu Tout Puissant et de la Bonne Mère qu’il avait depuis toujours aimés.