BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Le célibataire : 5

Il n’aimait pas cette brebis là plus que les autres. Il avait le même amour pour toutes, cet amour qu’a un bon père pour ses enfants, sans mauvaise préférence. Comme les parents aiment leurs enfants, un berger aime ses brebis,..après Dieu.

Après déjeuner, ayant dit à son neveu, qu’il allait chercher un peu de bois pour l’hiver, pas loin, Arnaud alla vers le cayolar de Berain. Il connaissait bien ce trou dans les rocailles, que Louis lui avait indiqué. Autrefois aussi, il était allé à la recherche de brebis, souvent, dans ces coins, comme dans tous les coins de l’alpage. A soixante dix ans il pouvait connaître tous les rochers de l’alpage, tous les trous, toutes les fontaines. C’était son monde l’alpage. Il vivait là comme d’autres vivent en ville. Il en connaissait les sentiers, comme un citadin connaît ses rues. L’alpage, terre du berger, terre rude. L’alpage, toujours identique malgré les siècles : les cayolars, les rochers, les arbres, les torrents, l’herbe maigre….Les bergers qui vécurent il y a deux cents ans laissèrent comme cela même Urepel, Oilasko et les autres… Le travail de l’homme est peu visible dans sur ces sommets de montagnes.

L’homme était heureux parce qu’il aimait les brebis. Avoir une passion au cœur suffit pour avoir le bonheur.

Il allait, le bâton à la main, l’antique " makila " en bois d’épineux. Il allait lentement, parce qu’il n’était plus en age de marcher vite, vers le rocher de Berain. Le soleil s’était levé. Sa lumière, brillait sur la gelée blanche. Les arbres étaient nus, ils n’avaient, par-ci, par-là, que quelques rares feuilles, durcies par le gel, qui ne bougeaient pas et que le moindre coup de vent jetait à terre. Le soleil du matin faisait mal aux yeux.

A midi, le vieux berger n’était pas encore rentré chez lui. Son neveu pensa qu’il était entré dans quelque cabane et qu’on l’ avait retenu à déjeuner

Quand la nuit tomba sur l’alpage Arnaud n’était pas encore rentré chez lui.








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