BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Dans le ruisseau d’Ortzango,

Maintenant il pleuvait averse. Le vent ayant rassemblé en tournoyant les dernières feuilles sur le sol, les emportait avec impétuosité de tous côtés. Les chênes tauzins desséchés, allongeaient leurs longues branches dans l’obscurité comme s’ils voulaient attraper quelqu’un ou quelque chose.

Mais, sans tenir compte de la pluie, du vent, des feuilles et des branches, Pierre allait précipitamment, là-bas, vers les compagnons qu’il devait retrouver prés de la frontière.

Un grand hibou s’envola d’un trou d’arbre, en sifflant, et aussitôt, en le raillant, de loin se mit à chanter " Hou, Hou… "

-Qu’as-tu hibou, hou, hou et hou, hou ? Tu ne m’effrayera pas facilement, ou bien, comme la nuit passée, me dénoncerais-tu aux douaniers ?..

Et, là, dans un sourire, Pierre se souvient, de ce que sa mère lui à dit il y a un instant, d’une nuit noire passée, au dessus de Uron, à la limite d’Ascain, il a failli rester entre les mains des douaniers. Sans écouter les conseils de Jean Baptiste leur chef, six compagnons allaient deux par deux, un bidon de trente cinq litres sur le dos, au lieu d’aller de ruisseau en ruisseau, de trou en trou, comme le leur demandait le vieux renard Jean-Baptiste, ils allaient sur les hauteurs, le phare de Biarritz les guidait.

Tout-à-coup prés du château de Serres, alors que les deux derniers des six n’étaient pas encore montés au sommet de la butte, deux douaniers se dressèrent devant eux, deux autres, d’autre part, jaillissent derrière. " Halte-là " Déjà un des douaniers lutte avec le compagnon de Pierre, et l’autre, est sur le point de saisir Pierre lui-même par la ceinture, tandis qu’il lui dit, à voix basse, se moquant à moitié, et le souffle court, " Attends, attends, un tout petit peu, je vais immédiatement t’aider à porter les spiritueux "

Dans un élan, Pierre fit alors un terrible saut et, ayant laissé la ceinture entre les griffes du douanier, son bidon toujours sur le dos, il dévalait maintenant en bas de la pente, comme pour fendre le diable. Le douanier allait derrière lui, presque aussi vite. Voici qu’à présent ils sont dans le champ d’Olhagaray, Pierre est toujours devant, toujours plus en avant. Il devine le douanier essoufflé et éreinté, mais toujours là, à quelque pas. Pas une fois encore il n’a jeté le bidon, doit-il le jeter dans les buissons ce soir pour la première fois ? Pas encore, assurément ! Et, la fièvre aux genoux, il va, il va, dans les ténèbres, de plus en plus vivement. Il n’a plus le douanier dessus…Mais, Voilà la chance de Pierre ! Là-bas, comment ouvrir la barrière qui est tout au bout de la prairie, comment la franchir sans avoir le douanier dessus… ?

Barbier










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