BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







A propos du temps

L’hiver doit faire des siennes.

A la fin, cette diable de neige nous est apparue, tout à coup, tombant du ciel en abondance, recouvrant tout d’un linceul blanc, sa vive blancheur aveuglant nos yeux.

De notre chambre chaude, à travers les vitres, c’est joli de voir comment ces fleurs blanches recouvrent et cachent tout. Mais, nous nous souvenons des pauvres moineaux , ne pouvant trouver nulle part leur maigre nourriture, et qui, donc, affamés doivent passer la nuit en grelottant de froid sous les avant-toits.

Ils sont là, au bord du toit, aux aguets, se demandant, quand donc ils verront, de leurs petits yeux vifs, un petit bout de nourriture, et il est à voir comment aussi rapides que l’éclair ils descendent, si, quelqu’un de compatissant leur jette une poignée de miettes de pain, avec quel empressement ils avalent ces peu de choses.

Et que dire des chevreuils, sangliers, renards, loups, blaireaux et autres qui là-bas, dans la forêt et au sommet de la montagne, vivent environnés de neige deux ou trois mois, ne pouvant se nourrir, obtenant très difficilement le nécessaire que demande le ventre.

L’ hiver noir et rude est une épreuve pour tous ; pour les êtres du monde entier. Les paysans disent que la neige et le froid c’est très bon en leur temps, que cela améliore les récoltes agricoles, car leurs plus grands ennemis, tous ces tout petits insectes nuisibles sont détruits.

C’est possible, oui !. Mais pour nous qui vivons dans les villes, ce diable d’hiver est la triste saison, et combien plus pour moi du moins, dont la jeunesse a fui depuis longtemps ; et il est connu que l’age, avec l’attiédissement du sang, nous rend frileux. Moi, oui, assurément. Je vous le dis !

Mais, laissons, laissons, l’hiver, qu’il fasse son ouvrage, qu’il poursuive son chemin, un peu plus tard le printemps scintillant dominera sa noirceur, de tous côtés se répandant lumière et beauté, dans une tiède douceur. Pendant ce temps, restons au coin du feu, notre dos à l’abri du banc.

"La voz de Navarra" 18 janvier 1933






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