BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







A l’empaillage.. Martin 2:

- Hé là ! Il y a quelqu’un ?

- Avancez, avancez.. Tiens ! Martin ! de ce côté ? Asseyez-vous , je vous prie ! Il y a longtemps qu’on ne vous avait pas vu par ici. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau par là ?

- Oui, Monsieur, peu de bonnes nouvelles. La vie est impossible, voilà ! Peu de blé est rentré ; le maïs aussi chiche, et le raisin nous a totalement manqué avec la gelée d’abord et après avec la sècheresse…Combien et combien de pensées ai-je eues toutes ces nuits, et , bref, au bout de tout cela, j’ai décidé que je devais écouter ce que dit Pascal le placier.

Ah ! et que dit Pascal le placier Martin ?

Ah ! Voilà Monsieur, Je vous l’avouerai, Pascal ne m’a pas renseigné aussi clairement que je le voulais. Il m’a marmonné quelque chose là, en disant : que vous donneriez quatre mille francs à celui qui voudrait se laisser empailler…

Le défunt Monsieur Fort, les yeux tout grands ouverts, la bouche encore plus ouverte, se retenant de rire, éberlué, regardait le pauvre Martin.

- Empailler, Martin ?

- Oui, Monsieur, empailler. Je sais que l’empaillage est un peu éprouvant. Mais, diable, quatre mille francs ne se trouvent pas sous un boisseau de maïs, et, dorénavant, tant qu’à faire, après avoir réfléchi, je voudrais en profiter..

Trop c’est trop, n’est-ce- pas ? Monsieur Fort riait donc aux éclats tout prés du nez (sous le nez) de Martin., les épaules du pauvre Martin tressautaient.

- Mais, Martin, savez-vous bien ce qu’est l’ empaillage ?

- Au juste , non Monsieur. Je vous l’ai dit tout- à- l’heure, Pascal n’a fait que me baragouiner quelque chose. Il m’a dit seulement que j’étais parfait pour être empaillé, que pour cela j’ai tout ce qu’il faut, et qu’on ne trouverait pas mieux que moi dans tous les environs.

- Oh Martin, Martin, pardon si le rire m’échappe, mais ce démon de Pascal vous a joliment trompé et en plus jusqu’au cou ! Voulez-vous savoir ce qu’est l’ empaillage ? L’empaillage c’est : après avoir ouvert la peau de quelqu’un, emplir cette peau de paille, jusqu’à la faire crever, tout à fait comme Zan Pantzar ou Carnaval …Martin dois- je vous empailler, comme cet aigle semblant vivant du pic d’ Uharte ? Le voulez-vous ?

Martin, devenu tout blanc, les yeux sévères, se lève d’un bond, sans avoir salué le défunt Monsieur Fort, il s’en alla maintenant dehors, en maugréant " Par le visage du diable, diable léger! "

Il passa dans la rue d’Espagne comme le vent du Nord.

S’il avait attrapé Pascal alors, c’était la fin de Pascal !

Mais, heureusement, Pascal avait quitté les lieux pour quelques jours…