traduction
            
Monsieur le Maire : Pendant ces vingt années là, au moins, bien qu’il ait été conseiller municipal, même pas une fois, Miguel Pocodinero n’avait été nommé maire. Pourtant il avait la volonté d’arriver à cette jolie écharpe ! Mais, elle lui passait toujours sous le nez pour aller orner la ceinture du voisin Agustin. Finalement, un jour Agustin meurt ; et Miguel se léchait les babines, en attendant le jour du vote qui devait le faire maire. J’allais oublier que notre histoire est arrivée en Espagne. Serrant la main de l’un, tapant sur l’épaule de l’autre, à l’autre la poitrine, à l’un payant un verre, à l’autre un petit verre d’eau de vie, Miguel marcha donc, allant là-bas, allant ici, tout sourire, tout bonne parole, avec l’allure d’une âme en peine, d’un maître de maison à l’autre. Cela lui coûta plus qu’une suée… et combien de pesetas ? Mais que lui importait-il, pourvu qu’ils le fassent maire du village ? Et encore, le maire d’où ? Il y avait, s’est sûr, vingt maisons prés de l’église , et encore deux ou trois autres sur une hauteur de la montagne, en tout trente hommes, cinquante femmes, et autant de petits enfants ! Parmi tous les villages jusqu’à Madrid là-bas il n’y avait pas de village aussi uni. Donc, Sur ce, le jour vint, un beau jour de mai, tout lumineux, tout ensoleillé,tout en fleurs, et ils nommèrent Miguel maire de Errekaxarre. Le roi d’Espagne ne fut jamais aussi heureux que l’était Miguel Pocodinero ce soir là. Il lui semblait que la cloche de la tour de l’église, avec le son d’une vieille poêle, allait se mettre à sonner, bilimba, bilimban, en l’honneur du nouveau maire. Sur ces hauteurs les étoiles lui souriaient en scintillant, elles lui faisaient le signe du " trente et un ". Entre tous les volets on voyait aussi, à son avis, le nez des femmes du village, tendus vers Monsieur le Maire. Dans un coin de rue il glissa sur une peau d’oignon, et tomba de tout son long. Mais, sans se fâcher, il se releva doucement, pensant que quelque rose ou feuillage étendu en son honneur l’avait fait glisser. Bref, Miguel le maire, venait joyeux à la maison. Et que d’honneurs n’aurait-t’il pas tout-à-l’heure, de la part de Doña Pocodinera sa femme en entrant dans la cuisine. Ah !!Jésus !! Sur ce, il rentre chez lui, et frappe à la porte Pan, pan ,pan ! du coin du foyer Xuriko se lève en aboyant, et Manuela, l’épouse de Monsieur le Maire, parce qu’elle s’était endormie sur le banc du foyer, encore à moitié ensommeillée, se secoue comme elle le peut, et, la chandelle à la main, s’approche de la porte.