BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







A-t-il avalé…les dents ? 2

Le lendemain, s’étant battu en rêve avec ses dents, il se leva plus pâle que la veille, les douleurs aux intestins s’étaient faites encore plus aiguës.

Quelques amis étant venus le voir juste à ce moment, il leur dit son malheur franchement, il leur dit aussi, en riant, comment il lui était venu en tête, qu’il avait au moins, vraiment avalé ses dents ,pour qu’un tel mal au ventre le saisisse de cette manière au moment de leur disparition, …

Les amis restaient là, pouffant de rire, voulant cacher ce rire et sans pouvoir le faire, se faisant des signes et se pinçant mutuellement. A la fin l’un d’entre eux lui dit, tout matois, que dans son enfance un homme était mort, à peu prés comme cela, après avoir avalé une grande dent, cette dent ayant percé ses intestins. Mais qu’à présent de telles choses ne peuvent se produire. S’ il avait avalé toutes les dents, il s’en serait aperçu , mille diables !!

Et les amis partirent ce soir-là, en riant , en chemin, jusque chez eux.

Les amis une fois partis, ayant pris sa tête entre ses mains, après avoir donné un coup de pied au chien, Jean resta plongé dans ses pensées : " Ça n’était rien d’autre ! Les dents étaient avalées, oui Monsieur, avalées, et, depuis la veille, elles lui perçaient les intestins ! Voilà où elles étaient, là même, à droite du nombril. Maintenant il les palpait même du bout des doigts …Quel sort que le sien ! C’en était vite fini de Jean, si le Bon Dieu n’avait pas pitié de lui… ! "

Et le Seigneur eût de-suite pitié de Jean. Frissonnant de froid, sans pouvoir se supporter, en allant au lit, il pensa que le mieux était d’aller immédiatement chez le docteur, quoiqu’il arrive par la suite.

Il va donc à sa chambre, parce qu’il doit se changer un peu pour paraître devant le médecin. Il prend les habits du dimanche, et, aussitôt pousse un cri strident " Mariaño, Mariaño !… "

De la poche de l’habit qu’il tient dans ses mains quelque chose est tombé en roulant, aux pieds de Jean…

- Mariaño, Mariaño !…les dents !

- Les dents ? où ?

- Là même, tombées de cette poche ! Mises là par moi-même pour mieux les ranger, il n’y a pas de doute…Aïe, aïe, aïe ! Allez vite Mariaño, tordez le cou à un poulet, et promptement ! Ouye, ouye !!

Et en lançant des irrintzina, Jean commence à esquisser un pas de danse autour de la chambre. S’il ne s’était pas échappé Mariaño aurait dû être en train de danser le fandango, malgré son grand age.

Le poulet presque cuit, notre homme descendit, joyeux comme un pinson. Comme un exploit, et par vengeance aussi, il alla devant le chien, par besoin de montrer ses belles dents. Balu-Jan grinça des dents, mais le maître commença à rire, et, riant encore, il s’assit à table. Et là, il nettoya tout le poulet, au moins, de celui-la, ses amis finauds n’en avaient pas humé. Il vida complètement une bouteille du meilleur Irouléguy " Inégalable ", et , fumant un pipe de tabac entre ses belles dents il se dirigea vers le lit en répétant la rengaine : " La jeunesse m’emporte comme l’hirondelle dans le ciel… "