BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







A-t-il avalé…les dents ?

Il s’appelait Jean ; brave homme, on ne peut plus aimable. Ayant terriblement souffert de la bouche, il laissa toutes ses dents à ce démon d’Irigoin à Bayonne, et revint au village, un jour, avec de belles dents neuves.

Alors elles lui avaient coûté le prix d’un veau, mais qu’elle importance cela avait-il pour un tel maître de maison ? Qu’était, ce que cela lui avait coûté, à côté du plaisir qu’il éprouvait à présent ? Il était devenu un autre homme ! Jusqu’alors, bien qu’il ne soit pas de ces hommes stupides, il était très avare de rire, et maintenant il avait plaisir à rire, même si ce n’était que pour montrer ses belles dents. Ainsi, elles étaient vraiment belles les dents que lui avait données Irigoin ! Blanches, lisses, aussi droites qu’un " i ". Je pense que ses voisins en étaient jaloux. Le chien de la maison, toujours, après avoir vu les dents du maître, montrait les siennes grr, grr, grr dans un grincement. Lui au moins était jaloux, c’était sûr.

Et, et la boulimie de Jean maintenant ! Avant, frugalement, il touchait tout juste seulement les meilleures choses ; et maintenant il mangeait de tout, et tout lui était bon, bigre !

Donc, Jean vivait plongé dans le bonheur. Tous les soirs il plaçait ses dents bénies à la tête du lit, après les avoir bien nettoyées, et en suite, le lendemain matin, de nouveau dans la bouche, ayant fait les meilleurs rêves dans le meilleur des sommeils.

Tout cela était excessif. Moi, je ne sais d’où était le vieux sorcier qui était passé là , un matin, Jean était en train de chercher, chercher, fouiller, fouiller. Les dents, les dents ensorcelées((magiques) ne paraissaient nulle part !…Affolé il mit tous les coins sans dessus dessous. Toujours pas de dents en vue !.. Mariaño, son vieux domestique étant arrivé, ils se mirent tous deux sous le lit et à fouiller partout. Mais en vain !..

Au bout d’une heure comme cela Jean était désespéré. Même s’il y avait là quelque diablerie, les dents étaient perdues et bien perdues. Et, cependant, la veille, ne les avait-il pas rangées, avec soins, dans leur coin comme toujours ?…

Donc, il y avait de l’électricité dans l’air, et, Mariaño passa tout ce jour là en tremblant, le sang n’allait-il pas monter à la tête du maître, vraiment ?.

Le sang ne lui vint pas à la tête, mais, oui, aux tripes, et, l’après-midi, Jean avait un mal au ventre mystérieux. Après avoir bu tant et plus des tisanes de tilleul et de mauve, il allait et venait dans la chambre, dans le grenier, dans la cuisine, comme une âme en peine. Toujours ses dents manquantes en tête- mais, malheureusement pas encore dans sa bouche – il était pitoyable vraiment et souffrait beaucoup. Il avait l’air d’une vieille femme de quatre vingt ans, avec ses lèvres frippées rentrées, et , vous auriez dit, à coup sûr, que ces lèvres-la allaient se flétrir d’un instant à l’autre. Le chien , de son coin de table, ne faisait plus attention à lui. Et les voisins ? ne devaient-t-ils pas rire méchamment de lui les jours prochains… !

Et, ce mal au ventre ou d’intestins, toujours là, sans du tout s’apaiser ! Il n’en avait jamais, et, aujourd’hui, une telle douleur l’avait saisi, tout à-coup, sitôt perdues ces dents magiques, et , on pourrait presque dire.. parcequ’elles étaient perdues !…Il ne pouvait quand même pas? Oui, ! Allons donc ! Avalées les dents ! Serait-il devenu fou?