BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







La Tisane de Tabac 1 :

Mais après cependant, s’il commença, il commença ! Notre homme y prit goût. Sa bouche ressembla à une cheminée du Boucau : fumant toute la journée. Au début il n’avait pas la moindre allure. Il faisait des cigarettes grosses comme le pouce, de vilains boyaux, tandis que les brins de tabac sortaient de tous côtés. Je me demande, en six mois, il aura fumé l’un de ces jolis boyaux jusqu’au bout ? Ils lui crevaient toujours à mi parcours. Et alors, comme le chaudronnier ambulant au bord du chemin, il s’affairait à leur mettre un petit bout de papier, en le mouillant.

Mais, diable, toujours et toujours en train de fumer, ! Et, au début, comme le crapaud que les enfants gonflent, pouf ,pouf, après avoir fumé, là, il apprit tout à fait bien, et très joliment Il montrait des doigts jaunis par le tabac - comme les soldats leurs blessures de guerre- il disait, d’un air très matois " Que son seul regret était d’avoir commencé si tard….. Ah s’il avait su combien il était agréable de fumer ! Par le visage du diable ! " Mais après cependant, s’il commença, il commença ! Notre homme y prit goût. Sa bouche ressembla à une cheminée du Boucau : fumant toute la journée. Au début il n’avait pas la moindre allure. Il faisait des cigarettes grosses comme le pouce, de vilains boyaux, tandis que les brins de tabac sortaient de tous côtés. Je me demande, en six mois, il aura fumé l’un de ces jolis boyaux jusqu’au bout ? Ils lui crevaient toujours à mi parcours. Et alors, comme le chaudronnier ambulant au bord du chemin, il s’affairait à leur mettre un petit bout de papier, en le mouillant.

Léon fumait donc, toujours en train de fumer, et le marchand de tabac n’avait pas meilleur client.

Là, la guerre est arrivée. Comme il était père d’une belle famille Léon resta à la maison, sans aller à la guerre. Ne pouvant brûler le méchant ennemi avec son fusil, il fumait…de nombreuses cigarettes crevées.

Oui, mais, après, le tabac, l’herbe, enchérit, se raréfia, vint à manquer. Il en venait encore un peu d’Espagne au début, mais, après, parce que les Espagnols le donnaient aux Allemands, ou parce qu’il avait augmenté dans les diableries du change, plus rien ne vint d’Espagne. Et, Léon, à tout instant, restait là à regarder ses doigts jaunis. Pauvre doigts ! Que pouvaient-ils souffrir ? et Léon ? ne souffrait-il donc pas ? Comme le chien de chasse derrière le lièvre, il restait là, à l’affût, jusqu’à ce qu’il sente une odeur de cigarette, pour d’un saut aller là-bas, en mendier un peu, ou au moins se remplir les narines de la douce odeur démoniaque !

Alors tout était herbe à tabac. La barbe de maïs, feuille de chêne, l’ortie, toute les poussières de la poche, tout était bon. Je crois qu’il utilisa aussi la poudre de café en la volant à la maîtresse de maison.

Mais, qui pourrait tenir ainsi, si le Seigneur n’accomplissait pas un miracle ? Et le Seigneur fit un miracle.

Un jour, là, alors que Léon n’avait plus que des détritus pour une semaine, un ami espagnol d’Ochagavia lui en apporte, et lui vend secrètement, pour 25 Frs, une énorme feuille de tabac, une feuille qui pesait au moins un kilo ! La joie de Léon ! Comme justement il n’y avait personne dans la cuisine, il commença à danser, là même, sans s’arrêter, en sautant. Il avait un regret de laisser partir l’espagnol au visage brun, sans lui donner deux bises.