BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Deux makilas en chemin 2 :

Revenant du marché de Saint Jean Pied de Port Ñakero de Mendive allait, lui aussi en lançant l’irrintzina, au-delà des pépinières de Saint Martin de Saint Jean le Vieux, Après s’être chauffé le gosier chez Exkerraen et chez Burugorri. Comment Piarre et Ñakéro, se manquèrent-t’ils ?

Voila, Piarre étant entré chez Maider, pendant que Nakero entrait chez Burugorri.comme Piarre possesseur d’un bon makila… Ce Ñakéro là, possesseur d’un makila souple fait d’un des néfliers coupé sur ces hauteurs de Saint Sauveur. Et ce makila quels sifflements dans la main de Ñakéro ! Lui aussi faisait tournoyer sa branche de néflier comme le lui avait appris de son père.

Un jour, il avait alors vingt ans, clac et clac au deuxième coup à peine il avait jeté son adversaire à terre, les lèvres ouvertes, en sang. Son père était là, à deux pas, le regardant et lui criant " Qu’êtes vous donc, les jeunes de maintenant ? Autrefois, nous, au " premier coup, nous mettions notre homme les quatre fers en l’air ! Demandez à Paul " d’Esterençuby, si ça n’est pas vrai ? "

Et, depuis, notre Ñakero donna peu de deuxième coup, et il n’eut jamais peur de rien ni de personne. Et, plus d’une fois, à Burdin Kurutxeta, sur le plateau d’Iraty, en allant à la poursuite de ses vaches de forêt en forêt, combien et combien de loups il fit partir devant son makila, dans les rochers d’Aburre ou de Larraux, comme le roi David de Bethléem, avant qu’il ne soit roi ! Mais, Ñakero avait aujourd’hui en tête autre chose que la royauté, et il allait donc en lançant l’irrintzina, sur la route d’Ahaxe….

Et voilà que, là-bas quelque part, dans ce sommet d’Aphat-Ospitale il a entendu un splendide irrintzina !… " Ah, Oui !..Aï, You, You!" et…tournant subitement les talons, Ñakero revint en arrière, en direction de Saint Jean le Vieux.

Piarre était arrivé lui aussi du côté de Maïderrenea, précipitamment, vers l’autre lanceur d’irrintzina " Aïe, you, you,, aïe ; iou, iou "

Aux siècles passés, quand le Pays Basque n’était que forêts, les basques de cette époque prirent l’habitude de se chercher de cette façon, d’une montagne à l’autre, d’un pâturage à l’autre.. Et dans les forêts d’Amérique, lorsque lion, puma et tigre effrayaient les gauchos jusqu’à la moelle des os, en criant, en rugissant, d’abord de loin, de prés ensuite, ils se défient l’un l’autre ainsi, encore de nos jours…

Les deux hommes, cependant, allaient l’un vers l’autre, dans un terrible élan, dans une effroyable arrogance, car ils s’étaient jeté l’un à l’autre l’effrayant cri des basques, dans la nuit noire:

-" Aïe, iou, iou, Aïe, iou, iou ! - aïe, iou, iou… !

Ils était à vingt pas l’un de l’autre, et leurs makilas tournoyaient en sifflant. C’était épouvantable, mais très vite cela devait être plus épouvantable encore…

" Aïe, iou, iou … - En garde… - Viens à ma rencontre !….