BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







Deux makilas en chemin:

Du marché à la maison, au crépuscule
le gosier adoucit par le vin de Navarre
Je vais en poussant des irrintzina, le makila en l’air

             ( Jean Barbier)

En lançant des irrintzina Piarre de Biamunte du quartier de Sarasket arrivait vers chez lui, en lançant l’irintzina et en faisant siffler le makila en tournoyant … " Aï, uï, uï " C’était un lundi, le soir du marché de Saint Jean Pied de Port. Piarre était un bon jeune homme et ,comme il avait beaucoup d’amis, chez Masaarrain, chez Dofine, et chez Léonie d’abord, chez Lexaka en suite, à Ispoure, chez Madeleine plus tard, enfin ayant bu cinq verres de vin au quartier Maïder de St Jean le Vieux, il allait maintenant en haut de la côte d’Antxixarburu, toujours en irrintzina et faisant siffler le makila. !

Ah ! Ce makila !Fait avec une tige de néflier d’Azkonzabal polie et toute droite ! N’était-il vraiment pas né avec ce makila au côté ? Le savait-il bien lui-même ? Quoi qu’il en soit, comme dans la chanson traditionnelle, il fit ses premiers pas dans le monde, aidé par sa mère, …le makila à la main !

Et, ensuite, je crois que Piarres perdait son ombre, plutôt que de perdre son makila, car, même quand il était un frêle enfant, ce monsieur devait avoir en mains le makila de son père.. pour s’endormir !

Son père lui même lui avait appris à se servir de ce makila. Le défunt François, Le saint curé de Bussunaritz n’avait pas encore pu lui faire entrer en tête les trois principaux mystères . Et Pierre, déjà, l’ayant appris de son père, savait : en portant le makila au côté, on se protéger, en faisant manœuvrer ce makila en sifflant, de bas et haut, comme l’éclair, et en l’abattant de haut en bas d’un sel coup il pulvériserait le front d’un bélier.

Il savait tout cela, et comment !….Bref, il devint un redoutable makilari, personne ne l’ignorait, à tel point que personne ne se mesurait à lui que contraint et forcé.

Une fois cependant, la nuit, parmi les grands châtaigniers d’Antxitxarburu, du plus obscur des coins, un homme sortit en sautant à sa rencontre…Pendant un quart d’heure ils luttèrent sans pouvoir se dominer, les deux étant de même force ! Au bout d’un quart d’heure, le béret enfoncé jusqu’au yeux, ayant caché sa tête avec la xamarra s’éloigna…son père, ayant laissé son fils vainqueur, là, dans le bois d’Antxixar ! Il n’avoua cela à son fils qu’au moment de mourir :

" Jamais jusqu’à ce moment personne n’avait pu emporter sur moi. Je voulais voir si tu étais aussi fort que ton père. Je le vis, et le crus avec plaisir, parce que tu n’as jamais mentionné notre terrible lutte de ce soir là ! "…

Donc Pierre de Biamuntea allait en lançant l’irrintzina…

Et, voilà que, là-bas, quelque part, sur la route d’Ahatsa, un autre irrintzina strident s’élève...