BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







PIARRES 4

Dans le bourg, pendant ce temps, les cierges bénis, l’un après l’autre, étaient en train de s’allumer, dans toutes les maisons. Dans le silence le plus complet tous avaient pris une feuille de laurier béni, et la mère, ayant pris une poignée de ce laurier béni-là, le plaça au milieu de l’âtre, pour qu’en crépitant il y brûlât là, et que son parfum pénétrant emplisse et protège toute la maison.

Les cloches de beaucoup de villages, à toute volée, priaient depuis les vieux clochers:

" Ste Anne, Ste Anne,
Ste Marie Madeleine.
Envoyez la tempête
dans les montagnes, dans les montagnes
vers des lieux où ne se trouvent ni gens, ni bêtes "

Un craquement de tonnerre, comme s’il était rentré entièrement par dessous l’âtre, fit trembler tout Oihanalde, et, en silence, Gaxuxa alluma un deuxième cierge sur la table.

Et, la pluie arrivait , à torrents, comme au temps de Noé. A force d’obscurité on ne distinguait plus rien dans la grande cuisine.

Monsieur le Chroniqueur,

Un maître de maison possède ici, entre ses mains, les témoignages écrits de toutes les démarches que notre député a faites. Il possède aussi les réponses faites par le ministre. Celles-ci, malheureusement, ne sont que bonnes paroles et mots anodins ( mots d’enfant) ! Il paraît que nos cris lui étaient, en de telles circonstances, parvenus au mauvais moment : A l’instant, la France allait entrer dans une véritable alliance avec l’Espagne. Barthou et Poincarré étaient sur le point de partir pour Madrid. Nous allions discuter du Maroc et même de beaucoup d’autres sujets d’ici-même, et combien plus importants pour notre bien.

Bref, qu’il valait mieux pour nous se taire pour une centaine francs. Voila ce que nous a annoncé, ou au moins fait comprendre, le ministre Pichon.

Nous l’avons supplié, qu’au pis-aller, au moins il soit assuré que ces cents francs resteront à ce niveau un certain nombre d’années ; que l’on demande aux Espagnols qu’ils abandonnent cette mesure de 5000 quintaux, que prendre ce que nous prenons ne soit pas une cause de désordre ; et, pour finir, qu’ils nous envoient, le plus vite possible, la permission de couper les fougères de l’année.

La réponse d’autorisation nous est parvenue ces jours-ci, cependant trop tard, après que toutes les fougères soient pourries sur pied. Ce n’est pas une petite perte pour les agriculteurs d’ici, en plus de toutes les autres de cette année.

Pour le reste, nous ne savons pas encore quel résultat a obtenu le ministre. Jean Barbier, né le 9 juillet 1875 à Saint-Jean-Pied-de-Port
et mort le 31 octobre 1931 à Saint-Pée-sur-Nivelle, est un prêtre
et écrivain basque d'expression navarro-labourdine.