BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







La Fête de l’Eglise de St Pée – Le Déjeuner d’Oihanalde (2)

Tous ayant fait le signe de croix, tout silencieux, le pain de maison, plein de mie, cuit la veille, à la main, mangèrent donc le bouillon gras, en soufflant dessus, ce qui, à tous, leur donna du cœur au ventre. Ensuite les verres furent remplis du vin d’Oihanalde avec quelques grosses bouteilles noires pansues. Néanmoins ils furent vidés en vitesse. Un Haspandar disait, paraît-il, un jour, que jusqu’à ce qu’il ait bu la toute dernière goutte de l’intérieur de son verre il ne sentait pas la toute première, parce que l’intestin des Haspandars est long, je pense que ce jour là les convives d’Oihanalde ressemblaient aux Haspandars. Pourtant sur la table les verres étaient souvent assez vides. Mais aussi vite on les remplissait de même.

Maintenant tous parlaient en même temps dans la grande pièce, le vin doré de la maison les ayant mis rapidement en agréable forme.

Après le bouillon plein d’yeux, vinrent les poules grasses, farcies jusqu’à la peau des meilleures choses, gonflées sur le point de faire éclater le fil blanc. La rouge tomate était proposée à profusion pour celui qui en voulait. Comme si elle voulait exciter la panse, apparût une excellente sauce de veau qui bonifiait les tranches de pain et le bout des doigts comme autrefois à Napoléon Ier.

Ensuite les rôtis : quelques très jolis poulets, les pattes ficelées vers le haut, dans un grand plat ; puis le gigot de mouton, que Thomas coupait avec un grand couteau, tranche par tranche, en pinçant les lèvres, et de la pointe du couteau disposait sur un plat de haricots blancs.

Jean Barbier, né le 9 juillet 1875 à Saint-Jean-Pied-de-Port
et mort le 31 octobre 1931 à Saint-Pée-sur-Nivelle, est un prêtre
et écrivain basque d'expression navarro-labourdine.