BASQUE-FRANÇAIS



             traduction

            







L’inondation (9) 1913

Il n’y avait évidemment pas un enfant qui ne s’était pas aperçu que ces millions là contenaient le vacarme d’une quantité de mécontents, parce qu’ils avaient été demandés un peu trop tôt, au hasard : le troisième jour après que le nuage eût éclaté, quand personne ne savait encore exactement jusqu’à combien allaient monter les pertes du Pays Basque, ni, non plus, où elles se trouvaient.

D’abord voir les endroits, méthodiquement, et, ensuite, demander l’aide selon les dommages observés. Ceci pouvait-être, ceci, selon l’enjeu véritable.

Cela étant, dans quel état avons-nous notre route nationale ? Au même point ! Il n’y a encore rien de fait. En huit endroits elle est vilainement effondrée, tout-à-fait cassée et en profondeur. En ces lieux-là, il faudra édifier des piliers de soutènement en pierre aussi solides que hauts.

Dans tout le reste du territoire, d’autre part, elle est ravinée jusqu’à la roche, avec de-ci, delà, quelques crevasses, quand elle n’est pas obstruée par de gras tas de terre ou quelque arbre tombé. On aurait pensé qu’il y avait là du travail pour deux groupes d’hommes ; d’un côté pour quelques cantonniers ou journaliers ; de l’autre pour une ou deux compagnies du génie ; que ceux-là fassent le plus facile, et ceux-ci, par contre, redressent les ponts sur leurs piles et comblent les trous les plus profonds. Le bon sens, à notre avis, exigeait d’agir ainsi. Cependant on ne pouvait laisser tout ce travail aux mains des cantonniers. D’où ceux-ci auraient-ils pu réunir assez de journaliers ? Il est probable que l’ouvrier soit trop rare, soit au-delà des montagnes, soit de ce côté-ci.

Jean Etchepare Bidegorri (Mar Chiquita, Argentine, 30 octobre 1877 - Cambo-les-Bains, Labourd, 9 janvier 1935 ), surnommé le docteur, est un écrivain basque. Il écrivait principalement des articles de presse. Libre d'esprit, il se démarquait des écrivains basques de son temps. Deux articles publiés dans le livre Buruxkak (évoquant l'amour hors mariage et l'école laïque) furent d'ailleurs censurés.

Il fut néanmoins nommé à la tête de Eskualzaleen Biltzarra, association de promotion et de défense de la langue basque. Il était également membre correspondant (Euskaltzain urgazlea) de l'Académie de la langue basque Euskaltzaindia.